Iodysséus-phase III, naissance d’une nouvelle océanographie propre et économique

Phase III complétée et conclusion de la mission Objectif Bloom – 30 jours de mer, 4000 milles nautiques de chasse au bloom. Une moisson de données exclusives et d’échantillons biologiques inédits. Récupération et redéploiement d’une balise expérimentale Euro-Argo. Élaboration d’un programme mettant le sport voile au service du climat et d’une économie bleue soutenable.

Entre une dépression classique et la queue de la tempête Miguel, la troisième et ultime phase de la mission Objectif Bloom conduite par le programme Iodysséus alliant science et course au large aura été aussi exigeante au plan maritime que prometteuse au plan scientifique. Elle rapporte à terre, outre des Gigas de données numériques exclusives, une riche palette d’échantillons microbiologiques prélevés in vivo dans les aérosols marins en conditions réelles de mer agitée : des échantillons afin de faire progresser la connaissance du couple formé par l’Océan et le climat dans un contexte marqué aujourd’hui par l’urgence.

*Infographies - © Iodysséus

Équipage restreint et escales contraintes par la tempête tropicale Miguel

Un zeste d’aventure, des avaries mineures et des escales contraintes dans le Sud de l’Irlande (Kinsale et baie de Baltimore) n’ont pas empêché Iodysséus de compléter ses objectifs, en équipage restreint de trois personnes (un skipper, un ingénieur, une coordinatrice scientifique embarquée). Entre autres, Eric Defert et ses deux équipiers ont mené à bien la récupération en pleine mer d’un profileur expérimental du réseau international Euro-Argo mesurant l’absorption du CO2 atmosphérique par l’Océan. L’opération, réussie, corrobore la possibilité de réemploi de précieuses balises océanographiques généralement abandonnées à leur sort en fin de mission.

Le redéploiement, également réussi, du même prototype d’Euro Argo, a conclu positivement la mission pilote du programme Iodysséus entamée début avril à bord d’un voilier de compétition de type Class 40 (12 m) spécialement affrété et doté d’un Pack de sept capteurs biogéchimiques – intégré par SubCtech – et d’un système de pompage des aérosols marins via des filtres spécifiques.

*Photos réalisées à bord - © Iodysséus

Une batterie de capteurs, des « aspirateurs » à aérosols
et un profileur expérimental CO2

L’équipement océanographique embarqué répondait à des protocoles définis par les partenaires scientifiques d’Iodysséus : l’océanographe Griet Neukermans rattachée au LOV (Laboratoire d’Océanographie de Villefranche-sur-mer) pour les données océanographiques, et le chercheur Pierre Amato, spécialiste de la microbiologie des nuages et de l’atmosphère, de l’Institut de Chimie de Clermont-Ferrand, pour l’échantillonnage des aérosols. Un duo « eau et air » complété par le biologiste marin Pierre Mollo concernant la vie et la biodiversité planctonique.

Le contexte choisi pour la mission inaugurale du programme Iodysséus était le bloom printanier de l’Atlantique Nord, soit l’efflorescence saisonnière de micro-algues photosynthétiques absorbant, globalement à l’échelle planétaire, un tiers des émissions en CO2 émis dans l’atmosphère et produisant 50 % de l’oxygène indispensable à la vie . L’objectif était d’étudier le second effet climatique des blooms en question: un effet « refroidisseur » dû à la dispersion de particules et micro-organismes planctoniques présents dans les aérosols et impliqués notamment dans la formation de nuages

*Photos réalisées à bord - © Iodysséus

Trente jours de chasse au bloom du Sud-Irlande au Sud-Bretagne

Plus de 30 jours de mer, de Brest à Brest, soit 4 000 milles nautiques de chasse au bloom au sein d’une zone allant du Sud Bretagne au Sud Irlande et s’étendant à plus de 200 milles dans l’Ouest de la pointe bretonne, ont permis une importante moisson de données océanographiques ciblées et d’échantillons planctoniques à l’interface entre l’Océan et l’atmosphère lors de cet événement biologique primordial pour le climat et les grands équilibres biogéochimiques que représente le printemps de l’Océan.

En cours de Phase II, le voilier Iodysséus avait pu ainsi capter et enregistrer en direct et en temps réel un pic notable d’activité photosynthètique du plancton, avec ses corrolaires impactants le climat.

© Iodysséus

Dans les semaines à venir, les résultats de centaines d’heures de captation d’aérosols planctoniques vont être analysés et génétiquement séquencés dans les laboratoires de l’Institut de Chimie de Clermont-Ferrand et du LMGE (Laboratoire Microorganismes: Génome Environnement) tandis que d’autres souches sont en cours de criblage pour mise en culture chez les partenaires biotechnologiques de Iodysséus, Polymaris et Codif Technologies naturelles.

Mais d’ores et déjà, en remplissant ses objectifs scientifiques malgré les circonstances, Iodysséus a validé le projet initié et promu par le navigateur brestois Éric Defert d’une nouvelle océanographie, souple, évolutive, économique et éco-compatible, mise en œuvre et démontrée dans une mission-test riche de retours d’expérience.

Iodysséus vise désormais au déploiement d’un programme élargi, en cours d’élaboration, alternant missions scientifiques et compétitions océaniques dans l’optique de mettre toujours d’avantage l’attractivité et le pouvoir du sport au service de la connaissance, du climat et du développement d’une économie bleue soutenable.

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